le vaccin gardasil

Le vaccin gardasil est-il dangereux?

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Le Gardasil, qui combat le virus du papillome humain (VPH, ou HPV en anglais) et le cancer du col de l’utérus que ce dernier peut causer, semble être de plus en plus décrié à travers le monde. 

Avec un nombre croissant de personnes décrivant des effets secondaires gravissimes, ainsi que les poursuites judiciaires qui fleurissent ici et là, celui-ci paraît perdre progressivement de sa crédibilité auprès du public. Entre arguments publicitaires et faits scientifiques, il est toutefois difficile de faire la part des choses. Enquête sur ce vaccin controversé.

Des tragédies qui sèment le doute

Un drame annonciateur?

Annabelle Morin, une jeune Québécoise de 14 ans, n’a jamais eu de sérieux problèmes de santé. Pourtant, le 9 décembre 2008 au soir, sa mère, Linda Morin, la retrouve inanimée dans son bain. « C’était le choc, la panique », se remémore-t-elle avec émotion. Peu après que la jeune fille soit amenée à l’hôpital, le personnel annonce à sa mère qu’elle a « fait un arrêt cardio-respiratoire et qu’elle est décédée ». Bien que l’autopsie désigne la noyade comme cause de la mort, elle
reste évasive et n’exclut pas d’autres causes de décès. À ce moment-là, Linda Morin n’est pas au courant que sa fille s’était vue administrée deux doses du vaccin Gardasil en octobre et novembre 2008. « Je savais qu’elle devait recevoir ce vaccin dans le courant de l’année scolaire. Ma fille ayant 14 ans [ndlr : au Québec, les vaccinations sont faites avec l’autorisation des parents seulement jusqu’à cet âge], elle a toutefois été vaccinée sans que nous en soyons informés. »

Le soir du 26 octobre, Annabelle avait déjà fait « un épisode neurologique » qui avait alerté sa mère. « Elle était dans un état second. Elle avait de la misère à marcher, les jambes molles et les bras morts. Elle salivait. » Il aura fallu 45 minutes pour que la jeune fille reprenne conscience. Lorsqu’elle est amenée à l’hôpital Sainte-Justine pour clarifier la situation, aucun lien n’est fait avec le Gardasil et nulle question n’est posée au sujet de ce dernier – bien qu’à ce moment-là le vaccin « commençait à être administré dans toutes les écoles du Québec ». « Je n’étais pas au courant de la vaccination. Et celle-ci avait été faite il y a deux semaines, Annabelle ne s’en souvenait donc plus. »

Une zone d’ombre à lever

vaccin dans le bras

La relation, Linda ne la fait qu’en février 2009, en lisant un article évoquant le retrait d’un lot de vaccins Gardasil en Espagne. « C’était comme une claque en plein visage. J’ai tout de suite appelé l’école pour obtenir les dates de vaccination d’Annabelle. Elles coïncidaient 15 jours avant les deux événements. » À partir de ce moment-là, Linda n’a plus de doute : il existe un lien entre le Gardasil et le décès de sa fille. « J’ai alors entrepris des démarches. J’ai rencontré une amie infirmière, qui m’a conseillée de dénoncer ce qui s’était passé. Le 26 mars 2009, je racontais mon histoire pour la première fois à la radio durant l’émission de l’animateur et réalisateur Paul Arcand. » La Lavalloise enclenche ensuite des procédures judiciaires contre le fabricant du vaccin, Merck, et le corps médical – des poursuites qui durent encore à ce jour. Depuis, elle consacre une grosse partie de son temps à faire de la prévention, notamment par le biais de son groupe Facebook Attention au vaccin Gardasil – qui compte à ce jour 3 000 membres.

Engagée dans une controverse grandissante, Linda Morin se plaint toutefois d’être prise dans une « guerre médiatique ». « Lorsque je m’exprime quelque part, le lendemain, un médecin nie tout ce que j’avance », déplore-telle. Avec son action, elle fait néanmoins office d’ambassadrice québécoise pour tous ceux qui pensent être victimes du Gardasil. « Il y a beaucoup de jeunes filles malades à cause de ce vaccin. Trop souvent, les infirmières refusent de faire le lien. Mon cheval de bataille est de faire en sorte que cela change. » Parmi les personnes avec qui elle est en relation, « nombreuses sont celles qui ont également vu leur fille faire un arrêt cardio-respiratoire ». Toutefois, Linda Morin reconnaît qu’il est « difficile de savoir si d’autres morts ont été causées par le Gardasil au Québec », car le vaccin « est toujours exclu des causes de décès ». Celle-ci déplore d’ailleurs le manque de réactions : « On défend beaucoup le vaccin et pas assez les enfants du Québec. »

D’autres affaires internationales

De l’autre côté de l’Atlantique, en France, les doutes au sujet du Gardasil se font également sentir. Depuis plusieurs mois, le cas de Marie-Océane Bourguignon, une jeune fille qui a reçu le vaccin visant à lutter contre le cancer du col de l’utérus en octobre et en décembre 2010, fait en effet grand bruit. Suite à la prise de la première injection, la Française de 15 ans ressent des picotements dans les jambes. Puis, après la seconde dose, elle perd momentanément la vue et l’usage de ses jambes, et souffre de lésions neurologiques. Elle est en fait atteinte d’une maladie autoimmune assimilable à une sclérose en plaques. En réponse à ce terrible déroulement, la famille de la jeune fille charge Maître Jean-
Christophe Coubris, du cabinet bordelais Coubris, Courtois et associés, de déposer une plainte contre le laboratoire Sanofi Pasteur et l’Agence française de sécurité du médicament. « Nous souhaitons que la vérité soit connue par le plus grand nombre et que l’on puisse informer les jeunes filles susceptibles de se faire vacciner des risques auxquels elles s’exposent », avance l’avocat qui lutte également aux côtés de familles affectées par d’autres scandales sanitaires – les affaires du Mediator et des implants mammaires PIP, notamment.

Pour mener à bien sa mission, Jean-Christophe Coubris dispose d’un atout de taille : un rapport d’expertise que la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux de Bordeaux a émis concernant le cas de la jeune française. Selon l’avocat, ce document « met en évidence un lien d’imputabilité entre le Gardasil et la maladie auto-immune que Marie-Océane a déclaré ». Aucune étude menée par les laboratoires ne confirme cette relation, mais ce rapport jette un sérieux doute sur la sécurité propre au vaccin. Quoi qu’il en soit, cette affaire a fait l’effet d’un rayon de soleil en pleine tempête : elle a donné espoir aux personnes ayant subi des expériences similaires. « Dans les jours
qui ont suivi le dépôt de la plainte, nous avons reçu une centaine de témoignages, révèle Jean-Christophe Coubris. La plupart des jeunes filles en question ont déclaré une sclérose en plaques, mais d’autres maladies auto-immunes touchant le système nerveux, ou celui musculaire, ont aussi été constatées. »

À travers le monde, plusieurs affaires mettent également le Gardasil sous le feu des projecteurs. « Aux États-Unis, des indemnités ont été proposées à un certain nombre de victimes. D’autant plus que le laboratoire commercialisant le Gardasil avait réussi à obtenir la vaccination obligatoire dans un État. » Pour toutes les personnes impliquées, une chose est claire : il faut enquêter davantage sur les éventuels dangers liés au Gardasil.

De graves risques d’effets secondaires?

Un vaccin soutenu à travers le monde

Bien qu’il fasse couler beaucoup d’encre, le Gardasil demeure utilisé un peu partout sur le globe. Au Canada, il est même distribué gratuitement aux femmes âgées de 9 à 17 ans et à celles immuno-supprimées. En France, le vaccin est remboursé et recommandé aux filles de 14 ans. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA, en anglais) et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) insistent, quant à eux, sur le fait que
le Gardasil est « sûr et efficace ».

Il faut dire que les faits tendent à mettre en évidence ces certitudes. « Avec 135 millions de doses distribuées, il n’y a pas de doute », souligne Marc Steben, médecin de famille et directeur médical de la Clinique A, un établissement spécialisé dans la santé sexuelle situé à Montréal. « Nous avons la confirmation par l’Organisation mondiale de la santé, la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique et bien d’autres organismes réglementaires qu’il n’y a pas
d’effets secondaires sérieux », ajoute celui qui a été l’un des investigateurs internationaux du Gardasil. Pour l’expert, les cas de décès rapportés ici et là comme étant causés par le vaccin n’ont pas pour cause ce dernier. « Il existe beaucoup de cas anecdotiques. Il ne faut pas oublier que chez les filles de 9 à 26 ans, il arrive des problèmes d’embolie pulmonaire, de thromboses veineuses, … C’est une population qui prend des moyens de contraception, il y a des suicides, des
intoxications, des overdoses, … Bref, il faut faire attention à ne pas faire de fausses associations. »

Pour faire face aux critiques, Marc Steben fait valoir les études effectuées concernant l’efficacité du vaccin depuis son développement. Avant sa commercialisation en 2006, Merck, la société qui vend le Gardasil en Amérique du Nord, a, notamment, conduit une étude clinique à laquelle 12000 femmes ont pris part. Les résultats obtenus ont semblé concluants. Depuis, de nombreuses informations ont été collectées concernant le vaccin. « On dispose d’une panoplie de données au sujet de la sécurité et de l’efficacité du Gardasil qui s’étalent désormais sur presque neuf ans et demi. Les effets secondaires constatés restent légers et similaires à ceux d’autres vaccins : des douleurs locales, des rougeurs, etc. » La FDA et les CDC, qui surveillent, entre autres, ce vaccin aux États-Unis, vont dans le même sens. Dans un rapport publié en 2008, ceux-ci indiquent que, parmi les cas d’effets secondaires rapportés, 94 % sont légers et 6 % « sérieux ». Les premiers concernent des fièvres, des syncopes, des maux de tête, etc. Les seconds impliquent une vingtaine de décès. Cependant, selon le document, les cas en question ne prouvent pas que ces derniers aient été « causés par le vaccin », ce qui signifie que d’autres facteurs ont été retenus pour expliquer ces morts.

Des pays qui font volte-face

Malgré tout, plusieurs affaires internationales mettent en doute la sûreté ou l’utilité du Gardasil. En 2009, face aux cas de deux filles ayant souffert d’effets secondaires prétendument liés au vaccin, l’Espagne a, par exemple, retiré de la vente un lot de Gardasil. En Autriche, les vaccins visant à lutter contre le virus du papillome humain (VPH) ont, par ailleurs, été évacués du programme de vaccination national et ont cessé d’être remboursés, sans pour autant être proscrits. Plus récemment, le Japon a enclenché une démarche similaire en arrêtant, en 2013, de conseiller la vaccination préventive contre le cancer du col de l’utérus pour les filles de 12 à 16 ans. Dans ces deux derniers pays, de
nombreux cas impliquant de graves effets secondaires ont poussé les autorités à agir.

L’adjuvant en cause?

Pour l’avocat français Jean-Christophe Coubris, le Gardasil représente un danger principalement parce qu’il utilise des sels d’aluminium comme adjuvant (un composant qui sert à stimuler la réponse immunologique). « Certains vaccins, qui comprennent ce composant, peuvent déclencher, sur des terrains fragiles, ou face à des faiblesses génétiques, des maladies auto-immunes. Cet adjuvant se retrouve malheureusement dans de nombreux produits, dont le vaccin contre
l’hépatite B et le Gardasil. Il est utilisé avant tout parce qu’il est plus simple à fabriquer et donc moins coûteux. Je crains que le coût de production du médicament prime sur les soucis de santé, ce qui me paraît tout à fait dommageable. »

Pour Maître Coubris, il est nécessaire d’agir : « J’aimerais faire en sorte que l’on interdise les sels d’aluminium dans nos vaccins. » Entre temps, celui-ci juge qu’il faudrait, au moins, reconnaître le danger lié à ce composant et étudier la possibilité d’utiliser un autre adjuvant – le sodium de calcium, par exemple, qui représenterait une « alternative moins nocive ». « Il y a aussi la possibilité de faire des tests avant la vaccination pour savoir si une patiente peut souffrir des conséquences de l’usage des sels d’aluminium. »

Aux yeux du médecin Marc Steben, toutes ces critiques n’ont aucun fondement. « On utilise cet adjuvant depuis des années et les effets secondaires qui lui sont prêtés ici ne sont pas vérifiés. » Celui-ci ajoutant que « les cours de justice verront à juger la matière » et qu’ « avec les évidences publiées, ne pas reconnaître ces faits [ndlr : la sécurité et l’efficacité du Gardasil] relève de l’opinion personnelle, et non pas de la pensée scientifique ». Au fond, seul l’avenir nous montrera où la vérité se loge.

Le gardasil, une nécessité?

Des infections à combattre par tous les moyens

La question des éventuels effets secondaires du vaccin mise à part, reste à déterminer si le Gardasil a une réelle utilité pour la santé publique. D’après Dr Marc Steben, c’est indéniable : « Les données dont nous disposons montrent que le vaccin protège non seulement contre le cancer de l’utérus, mais aussi face à celui du vagin, de la vulve et, chez l’homme, de l’anus. Ceci en plus d’agir contre les condylomes, ces verrues génitales affectant les deux sexes. » Le Gardasil étant essentiellement une arme préventive, il s’adresse avant tout aux jeunes filles. « Le fait d’être vacciné avant les premiers rapports sexuels protège contre les infections aux VPH 6, 11, 16 et 18, et offre une immunité qui se poursuit lorsque ceux-ci débutent », précise Marc Steben. L’expert indique toutefois que les études ont aussi démontré « une excellente protection contre les condylomes jusqu’à 45 ans ». Pour les hommes, l’efficacité du Gardasil contre ces derniers et les pré-cancers de l’anus auraient également été démontrée.

Selon Marc Steben, le vaccin a même amené à la « quasi disparition des condylomes pour les personnes de moins de 21 ans » en Australie. De même pour les lésions au niveau de l’utérus, qui auraient « virtuellement disparues » chez cette
population. Aux États-Unis, les résultats enregistrés seraient eux aussi positifs : « Les études nous montrent la disparition presque totale des pré-cancers avancés du col de l’utérus chez les moins de 21 ans. » Au fond, pour le docteur, le Gardasil est un outil essentiel pour combattre tous ces problèmes de santé aux conséquences désastreuses. « N’oublions pas que, chaque année au Canada, il y a presque 400 femmes qui décèdent du cancer de l’utérus, et que les condylomes affectent probablement un adulte sur 10. Gardons également à l’esprit qu’une femme sur trois a un test Pap [ndlr : une analyse qui vise à dépister, notamment, le cancer de l’utérus] anormal et que cette forme de cancer est la deuxième plus importante chez les femmes de 25 à 45 ans. » Pire encore, au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus tuerait plus de 100 000 femmes par an.

Un manque d’information sur ce vaccin

Malheureusement, de nombreux renseignements contradictoires, voire faussés, sont véhiculés au sujet de ces affections et de l’efficacité du vaccin. L’utilité de ce dernier face aux infections au VPH déjà déclarées n’est, par exemple, pas claire. Selon certains, dans ce cas, le Gardasil favoriserait même l’apparition de lésions précancéreuses. Par ailleurs, contrairement à ce qui est parfois laissé pensé, celui-ci ne protège pas contre toutes les causes du cancer du col de l’utérus, ni tous les VPH.

Maître Coubris, qui est actuellement en pleine bataille judiciaire contre les laboratoires, dénonce la désinformation opérée par ces derniers. « En 2009, une jeune docteure basée à Lyon s’est inquiété de la manière avec laquelle les médecins généralistes avaient été informés au sujet du Gardasil. Elle a appelé 1 000 médecins répartis dans la région. La moitié a répondu, et il s’est avéré que 65 % d’entre eux pensaient que le cancer du col de l’utérus était le second
cancer le plus mortel pour les femmes en France, ce qui est faux – c’est en fait le quinzième. Pourquoi autant de réponses erronées ? Parce que ces docteurs ont reçu une information tronquée de la part des laboratoires. » L’avocat relève également le manque de renseignements contenus dans la notice du vaccin. Linda Morin, la mère d’Annabelle Morin, décédée après avoir reçu deux doses du vaccin, dénonce elle aussi le manque d’informations concernant le Gardasil.

Jean-Christophe Coubris va cependant plus loin, en estimant que le dépistage reste l’option de choix pour combattre le cancer du col de l’utérus. « En France, les personnes qui décèdent aujourd’hui de ce cancer sont généralement celles qui n’ont pas suivi les consignes actuelles quant au contrôle annuel par un frottis chez son gynécologue. Ces individus sont parfois issus de milieux défavorisés, et je doute qu’ils aient accès à un vaccin aussi cher que le Gardasil. En effet,
dans l’hexagone, ce dernier coûte tout de même 450 euros [ndlr : environ 669 dollars]et n’est que partiellement pris en charge par la sécurité sociale. Malgré le message commercial très fort qui est véhiculé, l’utilité du Gardasil dans des pays comme les nôtres n’existe pas. »

Pourtant, Marc Steben estime, quant à lui, que le dépistage ne suffit pas. « On sait que ce dernier peut permettre de prévenir le cancer de l’utérus, mais il y a quand même 29 % des femmes qui se voient diagnostiquées cette maladie après
que tous leurs tests Pap aient été normaux. Plus encore, 12 % des Québécoises n’ont jamais passé ces analyses. Ces femmes-là représentent quasiment 40 % des cas de cancer de l’utérus. Le test Pap n’atteint donc pas tout le monde, d’où l’importance de prendre des précautions supplémentaires. » Pour le spécialiste, le vaccin et le dépistage sont en fait complémentaires. Notons d’ailleurs que les personnes vaccinées sont invitées à continuer à passer des tests Pap. Dans tous les cas, le Gardasil n’est donc pas une solution qui se suffit à elle-même.

Pour plus d’informations concernant le gardasil, consultez notre billet à son sujet et/ou le site Internet officiel qui lui est dédié.

Cet article a été rédigé en décembre 2013 avec l’aide de plusieurs spécialistes que nous remercions.

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